mardi, janvier 31, 2006

Les blogs et la CNIL




La Commission Nationale Informatique et Liberté (CNIL), autorité administrative indépendante chargée de veiller à la protection des données personnelles, fut créée par la loi n° 78-17 du 6 janvier 1978 relative à l'informatique, aux fichiers et aux libertés.

Dans ses dernières brèves en date du 31 janvier 2006, celle-ci aborde la question des blogs précisant en résumé que la loi informatique et libertés s’applique mais ils sont dispensés de déclaration. Face au formidable essor des sites personnels, l'autorité cherche en effet à éviter de porter atteinte à la vie privée des personnes dont les informations peuvent être diffusés par des tiers, sans qu’elles en aient été informées.

Ainsi, elle rappelle qu'en tant que site web et en tant qu'ils diffusent ou collectent une donnée à caractère personnel (nom, image, etc...), les dispositions relatives à la protection des données à caractère personnel de la CNIL s'appliquent pour les auteurs de blogs qui se verraient normalement obligés de les déclarer. C'est cette obligation que l'autorité à décidé de suspendre le 22 novembre 2005 dernier permettant à l’auteur du site de ne plus voir sa responsabilité engagée sur la seule base de la non-déclaration à la CNIL.

En contrepartie, elle rappelle les règles de fond qui résultent de la loi du 6 janvier 1978 modifiée en août 2004 :
Ainsi la diffusion sur un site web d’informations sur les personnes nécessite le consentement préalable de celles-ci. Les personnes peuvent, ultérieurement, s’opposer à tout moment à cette diffusion. La recommandation attire l’attention des particuliers sur le fait que les données dites sensibles (par exemple sur la santé ou les orientations sexuelles ou politiques) n’ont pas vocation à être diffusées à partir d’un site internet.

Puisque diffuser une information sur internet, c’est la rendre accessible à quiconque, sans pouvoir réellement maîtriser son utilisation, l'autorité préconise la mise en place d'un accès restreint pour les blogs à destination d'un public fermé (par exemple limité au cadre familial) ou comportant des photographies précisant qu'"en tout état de cause, la diffusion d’images de mineurs ne peut s’effectuer qu’avec leur accord et l’autorisation expresse des parents ou du responsable légal" et rappelant que :
En ce qui concerne la collecte de données à caractère personnel, la recommandation rappelle que les personnes auprès desquelles sont recueillies les informations doivent être informées de la finalité de cette collecte, des destinataires des données et de l’existence d’un droit d’accès, de rectification et d’opposition. La durée de conservation doit être proportionnée à l’objet du site et la transmission des données collectées à des tiers ne peut s’effectuer que dans le cadre d’activités privées, après que la personne concernée en a été informée et a été mise en mesure de s’y opposer.


Voir également ce billet de Vagabondages : Droit d'auteur, de copie et propriété intellectuelle et tous ceux se rapportant à la responsabbilité du bloggueur et de la netiquette à adopter.

Voir aussi ce billet de Doc en vr@c : Quelles sont les règles légales applicables aux blogs ? qui renvoie vers un billet en anglais proposant une vue d'ensemble des règles juridiques applicables aux blogs en Flandre, Wallonie, Hollande, France, Allemagne et Etats-Unis.

samedi, janvier 28, 2006

The Google Librarian

Ben voyons... ^__^ :

The Google Librarian is half superhero, and half librarian. She has superpowers that makes others envious - she can search the web at lightning fast speeds, plucking out even the most obscure information with a few simple keystrokes. Unfortunately, the Google Librarian has one fatal flaw - she is rendered powerless without a a Blackbery or computer at hand. And so this is why the Google Librarian never leaves home without an internet connection, whether it be through her phone, a PDA, or a laptop.


Source : le blog de la Googlibrarian, qui n'est pas affilié à Google, contrairement à ce que je disais vendredi (merci Bruit et Chuchotements). Julie Kent est une bibliothécaire de Cleveland, Ohio, désireuse de partager sa connaissance du moteur et de ses trucs et astuces comme elle le précise dans le billet d'où est tiré cette citation.

vendredi, janvier 27, 2006

Miscellanées

Allez,

Une petite miscellanée pour finir la semaine, issue de messages en attente dans ma blogliste :

A lire sur Figoblog, la découverte d’un blog d’archivistique : Sous la poussière. C’est le premier que nous avons recensé (je dis « nous » en parlant de la biblioblogosphère) et j’espère que ce ne sera pas le dernier. En tout cas, bienvenue et longue vie à ce nouveau blog !

Pendant ce temps, Google continue à faire parler de lui, notamment à l’occasion de deux affaires :



La première concerne sa volonté fort contestée de proposer une version censurée de son célèbre moteur de recherche à l’intention du public chinois (voir cette comparaison entre Google Chine et Google.com). Déjà que la Bibliothèque nationale chinoise avait choisi de coopérer avec Mountain View pour offrir des contenus numériques en ligne.
(via Biblionum.info, Totem Consult, Zorgloob et Media-Tech).

En France, le même projet n’a pas l’heur de plaire aux éditeurs puisque selon le magazine professionnel Livres Hebdo, les patrons des plus grandes maisons d'édition françaises (Flammarion, Hachette, Gallimard ou encore Fayard et Grasset) viennent d’apprendre avec stupeur que des centaines d'ouvrages protégés par le droit d'auteur étaient numérisés partiellement sur la bibliothèque francophone de Google (la couverture des livres est reproduite avec un ensemble de références et, pour certains d'entre eux, la reproduction in extenso d'une ou plusieurs pages de l'ouvrage ( toujours via Biblionum.info)). Ces derniers réfléchissent donc à une riposte judiciaire.

De son côté, Broue Ha Ha nous informe qu’à la suite de sa newsletter spécialisée, Google a décidé de consacrer un site complet à l’intention des bibliothécaires. Un blog leur est même consacré : Googlelibrarian.com



Le même Broue Ha Ha nous informe également de la sortie d’une étude internationale 2005 sur la recherche d'information portant le titre Perceptions of Libraries and Information Resources (2005) publiée par l’Online Computer Library Center (OCLC) et réalisée en juin 2005 à partir d'un panel représentatif de 3300 «consommateurs» d information, domiciliés en Australie, au Canada, en Inde, à Singapour, au Royaume-Uni et aux Etats-Unis... La lettre d’EBSCO France nous en parle également et nous apprend que :
À la lecture de ce rapport, on apprend notamment que :

  • L'emprunt d'ouvrages reste le service le plus utilisé au sein des bibliothèques ; «le livre» apparaissant comme la marque de fabrique des bibliothèques.
  • Les «consommateurs» d'information fréquentent moins les bibliothèques et lisent moins de livres depuis qu'ils utilisent l'Internet. Ce sont tous des adeptes du «self-service».
  • 84% des personnes sondées déclarent utiliser un moteur de recherche. Seul 1% d'entre elles a le réflexe de mener cette recherche d'information à partir du site Web d'une bibliothèque. 90% d'entre elles se disent satisfaites des résultats récemment obtenus à l'aide de moteurs de recherche.
  • Plus que la rapidité du temps de réponse, la qualité et la quantité d'information sont les critères déterminants d'une recherche d'information électronique satisfaisante.
  • Enfin, les personnes sondées déclarent avoir autant confiance dans les contenus gratuits que dans les contenus payants. D'une façon générale, elles utilisent leurs connaissances personnelles, se fient à leur propre jugement pour évaluer le sérieux des informations recueillies, et n'hésitent pas à comparer les résultats obtenus sur différents sites pour valider leurs conclusions.
  • On en trouve enfin un commentaire sur Bruits et chuchottement



    De son côté, Bruit et chuchotements justement a fait le travail de recenser et dresser une liste des biblioblogs français et internationaux. Si vous ne connaissiez pas le blog (et j’en doute), je vous conseille vivement d’aller y faire un tour, ne serait-ce que pour les billets concernant les représentation du bibliothécaire et sa valorisation ou sur les bibliothèques aux Etats-Unis. Délectables.

    Librarian.net aux EEUU justement parle de nos super-lecteurs et Ressourceshelf nous propose une comparaison entre bibliothèques publiques canadiennes et américaines. Marlène Delhaye, enfin, évoque quant à elle ces designers de Palo Alto qui ont monté un book bar avec les livres au rebut de la bibliothèque de Stanford.



    Je termine par ce lien proposé par Tutoweb et que je gardais dans mon blogroll : le plus petit site au monde, Guimp.

    Bon week-end à toutes et tous.

    EDIT : correction des fautes d'orthographe ^^

    mardi, janvier 24, 2006

    Biblioses@me

    Le 30 janvier prochain, la BPI lance un nouveau service de réponse à distance en remplacement je suppose de ses RADis dont nous parlions dans un précédent billets sur les services de renseignement en ligne. La grande différence maintenant réside dans le fait que les services de la PBI ne sont plus seuls à répondre aux questions des internautes et que l'établissement a ouvert un réseau avec de grandes bibliothèques, municipales je suppose. Dès lors je me demande quels seront les critères de répartition des questions, ou est-ce à dire que les bibliothécaires lillois s(er)ont spécialisés dans un domaine autre que les grenoblois ? Autre question, celle de la taille de ce réseau que j'espère appelé à être développé.

    En tout cas, bonne chance au Biblioses@me

    Je retransmets ici le communiqué de presse paru sur la liste de diffusion professionnelle Biblio-fr :


    LANCEMENT DE BiblioSés@me
    Un nouveau service offert par la Bibliothèque Publique d¹Information

    La Bpi qui répond à de nombreuses demandes d¹informations et de recherches bibliographiques (plus de 6000 personnes accueillies chaque jour) assure également sa mission à distance par courrier postal, téléphone et messagerie électronique, en français et en langues étrangères (plus de 10 000 questions par an). Pour répondre aux enjeux de la société de l'information et satisfaire les demandes d¹un très large public, la Bpi a décidé d¹étendre en réseau son système de réponses à distance.

    Qu¹est-ce que BiblioSes@me ?
    BiblioséS@me est un système coopératif de référence à distance, de niveau généraliste dans un premier temps, et un maillage des ressources documentaires à l¹échelle de l'ensemble du territoire. La Bpi et les bibliothèques de Lille, Marseille, Montpellier, Troyes, Valenciennes, Antony et la bibliothèque Kandinsky du Centre mettent en commun des savoirs et une collaboration libre et gratuite afin de démultiplier les ressources pour améliorer le service aux publics. Ce dispositif inaugural qui utilise le logiciel Question Point, développé par Online Computer Library Center (OCLC) est la préfiguration, en concertation avec la Bnf, d¹un vaste réseau francophone en cours de négociation avec des bibliothèques étrangères.

    Quelles questions poser ?
    BiblioSés@me répond à toutes les questions documentaires sur tous les sujets, des plus généraux aux plus spécialisés, de l¹économie politique à la littérature, de la géographie aux arts plastiques ou aux sciencesŠDes références bibliographiques sont aussi proposées.

    Qui répond aux questions ?
    Les bibliothécaires de la Bpi ou, en fonction de la question posée, la bibliothèque du réseau apparaissant comme la plus compétente pour répondre. Une réponse est transmise au public en moins de trois jours.

    Avec quels outils ?
    Avec les collections et les catalogues des bibliothèques jusqu¹aux publications les plus récentes sur tous les supports (documents électroniques, imprimés, audiovisuels)

    Comment interroger BilioSes@me ?
    par courrier électronique cliquer sur la page d¹accueil du site www.bpi.fr et biblioSés@me (réponses à distance) en direct par « chat » cliquer sur la page d¹accueil du site www.bpi.fr et biblioSés@me par téléphone tous les jours sauf le mardi et le 1er mai ou par courrier

    mercredi, janvier 18, 2006

    Blog et enseignement

    On a beaucoup parlé en début de semaine de l’histoire de ce proviseur qui venait d’être révoqué (sanction la plus lourde pour un enseignant qui ne peut alors plus exercer dans l'éducation nationale) parce qu’il mélangeait des commentaires sur sa vie professionnelle et sur sa vie (homo)sexuelle avec notamment des photos jugées comme "pornographiques" sur son blog (interview de M. Paul Desneuf, directeur de l’encadrement à l’Education National). Bien que signant avec un pseudo, au fil des billets il évoquait la ville dans laquelle il se trouvait, permettant ainsi de découvrir son identité. (lire à ce propos l’excellent billet également de Maître Eolas)

    Il semble donc que l’éducation nationale et, partant, les services de l’Etat aient un problème avec les blogs. A ce propos, les fonctionnaires répondent à une obligation de réserve qui les contraint à observer une retenue dans l’expression de leurs opinions, notamment politiques, sous peine de s’exposer à une sanction disciplinaire. Cette obligation ne figure pas explicitement dans les lois statutaires relatives à la fonction publique. C’est une création jurisprudentielle, reprise dans certains statuts particuliers, tels les statuts des magistrats, des militaires, des policiers... Aussi, est-il important de rappeler qu’au plan des principes, cette obligation de réserve ne peut être - comprise comme une interdiction pour tout fonctionnaire d’exercer ses droits élémentaires de citoyen, notamment ses libertés d’opinion et d’expression. Des droits qui sont, eux, reconnus par l’article 6 de la loi n° 83-634 du 13 juillet 1983 portant sur les droits et obligations des fonctionnaires :
    Article 6 : La liberté d'opinion est garantie aux fonctionnaires.
    A propos de la limitation de la liberté d’expression cette fois, on trouve également ces articles.
    Article 26 :Les fonctionnaires sont tenus au secret professionnel dans le cadre des règles instituées dans le code pénal.
    Les fonctionnaires doivent faire preuve de discrétion professionnelle pour tous les faits, informations ou documents dont ils ont connaissance dans l'exercice ou à l'occasion de l'exercice de leurs fonctions. En dehors des cas expressément prévus par la réglementation en vigueur, notamment en matière de liberté d'accès aux documents administratifs, les fonctionnaires ne peuvent être déliés de cette obligation de discrétion professionnelle que par décision expresse de l'autorité dont ils dépendent.

    Article 29 : Toute faute commise par un fonctionnaire dans l'exercice ou à l'occasion de l'exercice de ses fonctions l'expose à une sanction disciplinaire sans préjudice, le cas échéant, des peines prévues par la loi pénale.

    Article 30 : En cas de faute grave commise par un fonctionnaire, qu'il s'agisse d'un manquement à ses obligations professionnelles ou d'une infraction de droit commun, l'auteur de cette faute peut être suspendu par l'autorité ayant pouvoir disciplinaire qui saisit, sans délai, le conseil de discipline.
    La liberté d’expression du fonctionnaire. Même lorsque la contrainte est faible ou inexistante, pour forcer l’adhésion aux valeurs dominantes, on limite la liberté d’expression des fonctionnaires. La justification en est que la cohésion de l’administration ne doit pas être mise en cause. Obligation est imposée au fonctionnaire d’observer une parfaite neutralité, de respecter la discipline, de s’abstenir, même en dehors du service, de tout acte susceptible de faire douter de son impartialité.

    Garfield, l’auteur du blog incriminé, a effectivement été suspendu en septembre avant que sa révocation ne lui soit signifiée le 10 janvier dernier. Depuis, il a reconnu être allé trop loin en parlant ainsi de sa vie privée mais il a tout de même déposé un recours gracieux contre sa révocation.

    De leur côté, les blogueurs ne sont bien évidemment pas libres d’écrire ce qu’ils veulent et demeurent soumis à la législation en vigueur que Maître Eolas rappelle dans son billet désormais célèbre sur les rapports entre blogueurs et responsabilité, rappelant que écrire et publier sur un blog, c'est engager sa responsabilité sur le contenu de ce qui y est écrit. et que si la liberté d'expression est une liberté fondamentale, (…) il n'existe aucune liberté générale et absolue. Il précise enfin :
    Le principe est que la sphère privée est séparée de la sphère professionnelle (qui inclut la sphère scolaire). Aucun salarié ne peut en principe être puni pour un comportement qu'il a dans sa vie privée ou en dehors de ses heures de travail ou d'étude.
    Certaines professions font exception à cette règle, à commencer par la mienne. Mais les membres de ces professions sont généralement bien informés de leurs obligations déontologiques. Ces obligations varient d'ailleurs tellement d'une profession à l'autre que je n'en ferai point le recensement.
    Mais la séparation sphères privée et publique n'est pas parfaitement étanche. Ainsi en est il lorsque le blogueur parle de son travail sur son blog. Là commence le danger. A ce jour, aucune réponse certaine ne peut être apportée sur ce qui est permis ou ce qui ne l'est pas.

    Je comprends surtout qu’à titre personnel, je me dois de faire attention quand je parle ici de mon travail et de ne pas rentrer dans des considérations trop précises et identifiables.

    Est-ce à dire que les enseignants ne peuvent pas bloguer ?
    Pourtant, certains professeurs ne se privent pas pour bloguer dans le respect des règles édictées et surtout dans le cadre professionnel (ce qui exclut toute interférence de la vie privée). InternetActu cite justement le blog des Espaces Numériques de Travail où des profs de tous cycles (primaire, secondaire, supérieur) partagent leur expérience et leurs usages des technologies.
    Le blog des ENT rassemble un groupe d'acteurs de terrain engagés dans des expérimentations d'usage des TIC visant à favoriser les échanges au sein des communautés éducatives d'écoles, de collèges ou de lycées. Ces rédacteurs rendent compte au jour le jour de leurs pratiques, des questions qu'elles soulèvent, des difficultés qu'ils rencontrent et des avancées de leur projet.

    Dans l’enseignement supérieur, malgré un certain nombre de difficultés soulignées avec pertinence par Evelyne Broudoux, invitée du mois sur Urfist Info dans un billet intitulé Autorités énonciatives et espaces de publication et de référencement, quelques enseignants ont décidé ainsi de publier sur le web. L’agence de mutualisation des Universités consacre un article à ce sujet dans son dernièr feuillet d’actualité des Université, citant les travaux d’universitaires tels que Baptiste Coulmont à Paris, Manuel Canévet à Nantes, Jean-Paul Pinte à Lille 1, du conservateur Nicolas Morin à Angers et de la bibliothécaire Marlène Delhaye à Aix-Marseille en charge de feu BiblioAcid. A cette liste, on pourrait ajouter Eric Delcroix qui officie à Lille 3 ou Olivier Ertzscheid à la Roche-sur-Yon (à lire, son billet sur le sujet : to blog or not to blog). Ce dernier justement avait ouvert une carte Frappr, intitulée Francoblogscience, censée recencer les blogs traitant de disciplines scientifiques.

    EDIT : j'ajoute un lien vers un billet clair et semble-t-il complet écrit par un juriste dans une collectivité locale sur les obligations des fonctionnaires et les sanctions qui peuvent les menacer : le cas Garfield à l'épreuve du droit de la fonction publique

    mardi, janvier 17, 2006

    Du Wi-Fi en bibliothèques



    Depuis la rentrée de septembre, le service informatique de l’université installe sur les différents campus universitaire des bornes wifi afin de répondre à une demande des étudiants d’une part et du ministère d’autre part, tout désireux de placer ses fameux portables à 1 euros. Le wifi, ou Wi-Fi pour Wireless Fidelity, correspond initialement au nom donnée à la certification délivrée par la Wi-Fi Alliance, anciennement WECA (Wireless Ethernet Compatibility Alliance), l'organisme chargé de maintenir l'interopérabilité entre les matériels répondant à la norme 802.11, standard international décrivant les caractéristiques d'un réseau local sans fil (WLAN).

    Depuis deux mois environs, nous recevons donc des demandes d’usagers pour les aider à installer sur leur portables le client VPN (virtual private network), client qui permet d'encapsuler et donc de sécuriser les informations qui circulent sur le net, nécessaire à une connection réseau via les bornes wifi. Mais auparavant il nous a fallu former nos propres collègues à l’utilisation de ce nouvel outil qui ne fut pas sans provoquer de crainte…

    En effet, le wifi grâce au client VPN et à l’identification de l’usager permet un accès illimité aux ressources de notre établissement, depuis n’importe quelle station portable, pour peu que sa batterie soit suffisante ou qu’il y ait une prise électrique à côté, quand bien même nous avons vu des étudiants apporter leur rallonge qu’ils tendaient au milieu des salles de lectures.

    Dès lors la première question posée demeure comment vérifier que nos chers étudiants n’utilisent pas le réseau internet pour aller sur des sites au contenu illégal ou répréhensible (pornographique, raciste, homophobe) ? La réponse que nous avons apportée est qu’il n’est certes pas possible de tout contrôler, mais qu’il ne nous est pas interdit de jeter un œil lors de nos rondes habituelles au milieu des salles. A nous ensuite d’intervenir si le site est jugé tendancieux. En revanche, la consultation des courriers électroniques qui n’était pas acceptée (bien que parfois tolérée) sur les stations de la bibliothèque devient possible : il s’agit là en effet de leur poste personnel avec donc la possibilité d’utiliser leur messagerie personnelle.

    La deuxième question qui est venue aux lèvres de nos collègues concerne la nocivité des ondes propagées par les bornes wifi mais il fut aisé de leur expliquer que la puissance de ces ondes était trente fois inférieure à celle de nos téléphones portables d’une part et d’autre part que si nous collions ces derniers contre notre cerveau, les bornes de la première se trouvaient à plusieurs mètres de là, impliquant par là que même si les ondes de notre portable étaient dangereuses, celles du wifi apparaîtraient inoffensives.

    Arriva alors la plus grande crainte : celle de la dématérialisation des bibliothèques. Le wifi permettant un accès aux ressources numériques depuis n’importe quel espace arrosé, la bibliothèque verra forcément sa fréquentation et,par extension, son besoin en personnel, baisser.

    Dans cette crainte surgit le spectre de la fin du papier emporté par la vague du tout électronique, comme si déjà sonnait le glas de la mort de livre et le carillon annoncant l’avènement de la galaxie Mc Luhan. Je ne pense bien évidemment pas que le livre soit fini. L’histoire des médias elle-même nous a montré qu’une nouvelle pratique venait compléter la précédente plutôt que la remplacer. Ne serait-ce que d’un point de vue physique, et la difficulté de percée des livres électroniques nous le prouve, les professionnels de la documentation eux-mêmes ayant conclu en juin 2005 qu’il était urgent d’attendre, rien ne remplacera la lecture sur le papier. Le papier en effet ne dépend pas de batterie, est aisément manipulable, fatigue moins les yeux qu’un écran rétro-éclairé. Mais il prend de la place et devient vite lourd à transporter.

    L’autre crainte sous-jacente est celle de la baisse du nombre de personnels. Comme partout en France je suppose, notre bibliothèque souffre du manque de personnel. On parlerait même d’une autre période noire depuis celle stigmatisée par le rapport Miquel de 1989, révélant le retard des bibliothèque universitaires françaises. Dans son rapport, M. André Miquel écrivait :
    " Locaux exigus ou périmés, peu ou pas assez ouverts, manque de postes, démobilisation trop fréquente des personnels, lassitude générale, désaffection des étudiants causée, au moins en partie, par le manque de moyens offerts, renonciation à lire ou découragement devant les difficultés de la documentation (que l'on comparera, à notre désavantage, avec telle ou telle bibliothèque étrangère fonctionnant comme un intense et permanent appel à la curiosité), inexistence ou insuffisance de l'apprentissage de la lecture spécialisée, tout incite à ce constat, que les bibliothèques constituent une des zones sinistrées de l'ensemble universitaire et, au-delà, du tissu national ".
    Un constat à mettre en regard avec le récent billet de Marlène Delhaye sur le ressenti de leur travail par les bibliothécaires. Dans ces conditions, les personnels voient mal la menace d’une baisse du nombre de leurs effectifs, comme si du jour au lendemain nos usagers allaient fuir nos vieux locaux au profit des salles informatiques des bâtiments voisins, ou mieux de leur canapé puisque dorénavant ils peuvent travailler chez eux. Je pense sincèrement que c’est crier au loup que de brandir une telle crainte et quand bien même le taux de fréquentation baisserait, quand bien même la bibliothèque deviendrait de plus en plus virtuelle, il suffirait de relever le nombre de consultation de nos bases pour se persuader que nous remplissons toujours notre mission d’accompagnement pédagogique et de soutien à la recherche. Reste alors à s’inquiéter de la bonne utilisation des outils et donc de la formation de nos usagers.

    En l’occurrence, et plutôt qu’une désaffection des locaux, nous voyons plutôt fleurir les portables sur les tables de consultation et de travail et nos prises électriques rapidement occupées (faisant demander à certain s’il est de notre mission de fournir l’électricité aux étudiants, payée sur les fonds de l’Université), nous poussant à réfléchir à une éventuelle réorganisation des espaces…

    mardi, janvier 10, 2006

    BiblioAcid ferme

    Il y a certaines nouvelles qui vous sonnent et vous surprennent.

    Depuis la rentrée mon blog est en sommeil : nous finalisons les fiches pour le Contrat Quadriennal et fûmes bien occupés ces derniers jours. Du coup, la lecture de mon agrégateur me prend pas mal de temps également afin d'écûmer les centaines de billets de retard dont j'ai raté la parution ces dernières semaines.

    Innocemment, j'en arrivai à l'excellent Outil de Veille lorsque j'y découvre avec stupeur l'annonce de la fermeture de BiblioAcid.

    BiblioAcid avait déjà presque deux ans, autant dire que c'était un dinosaure dans la biblioblogosphère francophone, et il n'y a guère que le réellement incontournable Figoblog pour pouvoir lui tenir tête ^^ . J'étais particulièrement attentif aux billets dont le ton à la fois décalé et informatif m'avait tout de suite séduit. J'en suis d'autant plus attristé que c'est Nicolas Morin qui, plus ou moins directement ^^, m'a amené à blogguer par le biais d'une formation à l'Enssib.

    Quoique les auteurs décident, on ne peut que les remercier de la tenue de ce blog et leur souhaiter une bonne continuation dans ce qu'ils ont désormais envie de faire. D'ores et déjà, ils nous informent que nous pouvons les retrouver dans leurs propres blogs personnels (i.e. non commun mais toujours professionnalisant) : les notes de travail de Nicolas Morin sur son travail à la BU d'Anger et les digressions bibliothéconomiques de Marlène Delhaye. En attendant, les archives de BiblioAcid sont toujours accessibles en ligne.

    Quant à la revue BiblioAcid, il semble également que son avenir soit sérieusement compromis. Peut-être qu'avec un peu d'insitance et un regard bien poignant de chat potté parviendrons-nous à grapiller un autre numéro ? hmm ?

    lundi, janvier 09, 2006

    Calendriers d'ici et d'ailleurs



    Je tiens à vous souhaiter à toutes et à tous comme il se doit en cette période de rentrée une très bonne année 2006. Qu'elle soit pleine de ces petites joies qui forment les grands bonheurs et vous aident à surmonter les inévitables moments difficiles.

    Voici donc une nouvelle année qui commence. Selon Wikipédia, l'introduction du calendrier grégorien en remplacement du calendrier julien commença le 15 octobre 1582. Le but était de lutter contre la dérive de la date de Pâques (le dimanche après la première lune de l'équinoxe de printemps) qui se déplaçait vers les mois d'été. Ce calendrier, proposé par un physicien napolitain nommé Aloysius Lilius, a été adopté par le Pape Grégoire XIII en accord avec les instructions du concile de trente (1545-1563) pour corriger les erreurs de l'ancien calendrier Julien puis fut décrété par le Pape Grégoire III le 24 février 1582.



    Le 06 janvier dernier, c'était au tour des russes de fêter Noël. En effet, l'Eglise orthodoxe toujours prompte à se démarque de l'Eglise Catholique suit toujours le calendrier Julien, introduit par Jules César en 45 avant JC (pour améliorer le calendrier mis en place par le roi romain Numa Pompilius quelque cinq cent cinquante ans plus tôt avec ses jours fastes, où il était permis de vaquer aux affaires publiques, et ses jours néfastes, où il n’était pas permis de s’y adonner).

    C'est de ce calendrier que viennent le nom de nos mois :
    1 MARS, Dieu de la guerre ;
    2 APERTA, surnom d'Apollon (j'ai également trouvé une évocation d'Aphrodite ou du verbe Aperire, ouvrir);
    3 MAIUS, nom vulgaire de Jupiter optimus maximus ou évocation de la déesse Maïa ;
    4 JUNON, épouse de Jupiter.
    5 JULIUS fut adopté en 44 BC mais était auparavant appelé Quintilis du nom de "quintus", Cinq, étant le 5tème mois de l'ancien calendrier Romain
    6 AUGUSTUS en l'honneur de l'empereur éponyme
    7 September
    8 October
    9 November
    10 December
    11 JANUARIUS, en l'honneur de Janus, le plus ancien roi du Latium et dieu de la paix.
    12 februarius, signifiant "mois des purifications", du nom des fêtes "Februa".




    Le calendrier copte, encore utilisé de nos jours en Egypte, est lui de type solaire. Une année copte se compose de douze mois de 30 jours, suivis, trois années de suite, de 5 jours complémentaires dits épagomènes et la 4ème année de 6 jours épagomènes. La durée moyenne de l'année (365,25 jours) est donc la même que dans le calendrier julien.

    Ce calendrier définit l'ère de Dioclétien dont l'origine (1 Tout de l'an 1) correspond au 29 août 284 julien. Les années de 366 jours correspondent à celles dont le millésime plus 1 est multiple de 4. L'année copte commence le 29 ou le 30 août julien.

    1 Tout
    2 Bâbah
    3 Hâtour
    4 Keihak
    5 Toubah
    6 Amchîr
    7 Barmahât
    8 Barmoudah
    9 Bachnas
    10 Bou'nah
    11 Abib
    12 Masarî
    Le 1er Tout 1722 eut lieu le 11 septembre 2005



    Le calendrier hébreu, calendrier officiel en Israël, est utilisé dans le judaïsme pour l'observance des fêtes religieuses mais le calendrier grégorien est utilisé pour toutes les activités laïques. La définition actuelle du calendrier Hébreu est généralement attribuée à Sanhedrin président Hillel II aux alentours de l'an 359 après J-C. Il se fonde à la fois sur les mouvements de la Lune et les saisons de la Terre, de façon à observer les fêtes de la Torah.

    Le premier mois de l'année est Tishri et c'est donc le 1er Tishri (anniversaire du début de la Création du monde, qui dura six jours), lors de la fête de Rosh Hashana, que l'année change. La fête de Rosh Hashana dure alors deux jours : les 1er et 2 Tishri. Comme tous les mois, il commence avec la nouvelle lune, ces derniers suivant le cycle lunaire :
    7 Nissan le sacrifice
    8 Iyar la procession
    9 Sivan la construction
    10 Tamouz dieu babylonien de la fertilité
    11 Av les torches
    12 Eloul la purification
    1 Tishri le commencement
    2 Heshvan le huitième mois
    3 Kislev (signification incertaine)
    4 Tevêt l'innondation
    5 Shvat les orages
    6 Adar le battage de la terre
    Aujourdhui 9 janvier 2006, nous sommes le 9 Tevet 5766 dans le calendrier hébreu, sachant qu'une journée du calendrier Hébreu ne commence pas à minuit mais plutôt, soit au moment du coucher du soleil, soit lorsque 3 étoiles de taille moyenne commencent à être visible.
    En 2006, le nouvel an juif (Tishri 5767) se fêtera le 23 septembre 2006 à partir de 20h30, il s'était fêté le 04 octobre dernier...



    Le calendrier Islamique (ou calendrier Hijri, l'Hégire venant d'un mot arabe signifiant à peu près : départ, éxode, migration), institué en 637 par le deuxième calife Omar ibn al-Khattab, est un calendrier purement lunaire. L'ère islamique commence le 16 juillet 622 de l'ère chrétienne, date présumée de l'hégire (Hijra en arabe), c'est-à-dire l'exil du Prophète Mohammed de la Mecque à Médine. Il est le calendrier officiel d'un certain nombre de pays du Golfe, tout spécialement, l'Arabie Saoudite. Mais, d'autres régions islamiques utilisent le calendrier Grégorien pour certaines considérations d'ordres civiles et le calendrier Islamique pour les considérations religieuses.

    Il contient 12 mois et chaque mois démarre au premier croissant de Lune visible à partir de la nouvelle Lune : selon l'endroit d'où est effectuée l'observation, le mois peut démarrer plus ou moins tôt. Le calendrier est basé sur le Coran (Sourate IX, 36-37) et, sa stricte observation est un devoir sacré pour les Musulmans.
    Le 1er mois musulman est Mouharran, les 12 mois de l'année musulmane sont:
    1 Mouharram (30 jours)
    2 Safar (29)
    3 Rabi al-Awwal (30)
    4 Rabi at-Thani (29)
    5 Djoumada al-Awwla (30)
    6 Djoumada at-Thania (29)
    7 Radjab (30)
    8 Chaaban (29)
    9 Ramadan (30)
    10 Chawwal (29)
    11 Dou-al-Qada (30)
    12 Dou-al-Hidja (29 ou 30)
    En 2005, le 1er Muharem 1426H s'est fêté le 10 février 2005. En 2006, il se fêtera le 31 janvier.



    Cette année, le nouvel an chinois sera le Dimanche 29 Janvier 2006, année du Chien.
    Le calendrier chinois, dont la forme s’est fixée à peu de chose près sous les Han, est un calendrier luni-solaire formé au cours de plusieurs siècles. La tradition prétend qu’il fut créé par l'Empereur Jaune en -2697 du calendrier grégorien. Ce souverain mythique aurait également créé le cycle sexagésimal, le plus ancien système chinois de numérotation des années. Actuellement nous serions dans le 78e cycle. Le calendrier Grégorien fut cependant définitivement adopté par la République de Chine en 1912 (mis en vigueur en 1929).

    Chaque mois d’une année lunaire, longue de douze mois, débute par une nouvelle lune et dure vingt-neuf à trente jours. Les mois n’ont pas d’appellation particulière, ils sont désignés numériquement, en fonction de leur ordre d’apparition dans le temps. Certains mois toutefois, selon qu’ils comportent vingt-neuf ou trente jours, sont appelés « petit mois » ou « long mois ». L’année commence à la première lune qui suivrait la sortie du soleil du dernier des trois signes hivernaux, le capricorne. Le jour de l’An tombe ainsi toujours entre le vingt-et-un janvier et le douze février (d’après le calendrier solaire).

    Aujourd'hui lundi 09 janvier 2006, nous sommes le 10e jour du 12e mois, de l'année chinoise Yi-You (22), du cycle 78.



    Le calendrier national actuellement en usage en Inde est celui défini par le Comité de réforme du Calendrier (Calendar Reform Committee). Il est officiellement appliqué depuis le 22 mars 1957 (1 Chaitra 1879 de l´ère Saka). La numérotation des années se fait dans l´ère Saka. Mais Nehru, en 1953, compta l'existence de 30 calendriers en Inde (de par l'existence de nombreuses religions en Inde qui possèdent leur propre calendrier).
    Les mois du calendrier indien comptent 30 ou 31 jours. Ils sont donnés ci après :

    Mois du Date grégorienne
    calendrier indien du premier du mois

    1 Chaitra (30 ou 31(*) jours) 22 ou 21(*) mars
    2 Vaisakha (31 jours) 21 avril
    3 Jyaistha (31 jours) 22 mai
    4 Asadha (31 jours) 22 juin
    5 Sravana (31 jours) 23 juillet
    6 Bhadra (31 jours) 23 août
    7 Asvina (30 jours) 23 septembre
    8 Kartika (30 jours) 23 octobre
    9 Agrahayana (30 jours) 22 novembre
    10 Pausa (30 jours) 22 décembre
    11 Magha (30 jours) 21 janvier
    12 Phalguna (30 jours) 20 février


    Mais les calculs de calendriers sont très complexes en Inde et je vous renvoie au site ci-dessus pour vous en faire une idée. Aujourd'hui 9 janvier 2006, nous sommes le Chandravara, 10 Pausha 2062 V.E. (Hindou lunaire) ou le 25 Pausha 1927 S.E. (Hindou solaire). Le nouvel an lunaire devrait avoir lieu le 30 mars 2006.

    Pour aller plus loin :
  • Ephémérides et correspondances de calendrier
  • Chronologie, eres et calendriers
  • Conversion de calendrier sur Lexilogos (romain, gaulois, grégorien, musulman, juif, copte, aztèque, chinois)
  • Calendrier chrétien, hébreu, islamique, révolutionnaire, chnois, maya