mardi, février 14, 2006

Des blogs et des bibliothèques

Dernier venu dans mon biblioblogroll : le blog de Miklos, aka si je ne m'abuse, Michel Fingerhut dont les longues interventions sur la liste de diffusion professionnelle Biblio-fr ( fil RSS) sont des plus remarquées. Je suis surpris : les archives remontent à janvier 1995, ce qui en fait l'un des blogs les plus anciens de la biblioblogosphere française, si ce n'est le plus ancien, avec plus de dix ans d'âge et ce n'est que tout récemment que je le découvre !, cité sur ce tout récent blog, couture et bibliothèque, qui ne parle pas encore de bibliothèque d'ailleurs ^^.

Au su de l'état d'avancement de la blogosphère, nouveau ballon de baudruche du net (selon la dernière étude Technorati faisant état de 27.5 millions de blogs), il est normal que les cartes de blogueurs et podcasteurs de bibliothèques ne cesse également d'enfler. Et la liste établie par Bruit et Chuchottements est loin de se voir figée.

Pourtant, le 07 février dernier, the Rambling librarian, reprenant un billet de Doug Johnson, postait un billet tentant d'expliquer pourquoi les bibliothécaires ne bloguent pas et listant ces raisons dans l'ordre :

  • Ils n'ont pas assez de temps pour bloguer
  • Ils ne ressentent pas d'urgence professionnelle
  • Ils ignorent la technologie à utiliser et ont peu de raison pour s'en intéresser
  • Le site de la bibliothèque blogue fait déjà
  • le contact réel avec les étudiants est suffisant
  • Le public cible possède peu d'accès internet à la maison
  • Ils sont fatigués du “learning curve
  • Ils voient la tenue d'un blog comme orgeilleuse
  • The “elasticity of blogs as both a publishing and authoring tool
  • D'autres moyens de diffusion existent déjà
  • Ils sont réticents à employer des sources d'information peu fiables
  • Ils pensent manquer de talents d'écriture
  • Ils manquent de support technique
  • (je ne sais pas comment traduire les passages laissé en anglais)
    Je pense que c'est la méconnaissance des blogs d'une part et de la technologies en générale d'autre part qui éloigne les bibliothécaires des blogs en effet. Le vrai obstacle demeure l'ignorance devant le phénomène.

    Ivan Chew, le nom du Rambling librarian ou du moins l'auteur des billets sur ce blog, précise alors que pour lui, un blog de bibliothécaire est le blog de quelqu'un qui se définit comme bibliothécaire, peu importe le contenu du blog, ou non. Enfin, à la question : "does EVERY librarian need to blog?" il répond bien évidemment par la négative. Il n'est pas important que tous les bibliothécaires bloguent si au moins quelques uns se chargent de relayer les informations importantes. Reste ensuite à veiller à la bonne circulation de l'information, ce qui finalement n'est pas encore gagné.

    En tout cas, à ce rythme nous serons bientôt prêts à entamer notre propre Librarian Trading Cards pool, sur Flickr (via the laughing librarian).

    Free Image Hosting at www.ImageShack.us


    fait avec le trading card maker.

    Gogole chti

    Un de mes billets les plus courts probablement, mais je tenais à faire ce clin d'oeil à mes lecteurs du Nord, Willy, Catherine, ou Eric, et tous les autres également plus ou moins anonymes ^^ : voici une traduction de la page d'accueil de Google en chti et en flamand.

    Pendant que j'y suis, et pour tous les autres, Zorgloob nous signale cette page récapitulant tous les logos des JO Torino 2006 : "c'est ce que l'on appelle un Doodle, une série de logo Google et c'est le 11eme".

    lundi, février 13, 2006

    ISBN, ESBN et autres codes à barres

    L'arrivée de l'ISBN (International Standard Book Number) à 13 chiffres est prévue pour janvier 2007 (on trouve ici un convertisseur). Elle devrait poser alors quelques problèmes d'adaptation pour les mêtiers du livre (éditeurs, bibliothèques) imposant probablement une double numérotation quelques mois. Par exemple nous nous servons de l'ISBN pour faire des rebonds d'une requête entre nos périodiques électroniques et le SUDOC, et je me demande comment le fournisseur va prendre ces questions en compte...

    Ce nouveau code n'est pas sorti que Zaphir nous fait découvrir l'IBSN, Internet Blog Serial Number, formé de dix chiffres et trois tirets (placés à volonté), et créé apparemment par des espagnols "pour identifier les blogs suite à une demande d'attribution d'ISBN qui a été rejetée par la Biblioteca Nacional de España" précise-t-elle. Ce qui me semble étrange est que le numéro est décrété par les blogueurs eux-mêmes. Voici celui que je me suis donné.



    De son côté, Catalogablog évoque les ESBN : "a new identifier for e-resources is the Electronic Standard Book Number". Les ESBN, valables pour tout type de documents en ligne (livres électroniques, podcasts, blocs, vidéo...) sont apparemment gérés par l'ESBN.org sans qu'on sache vraiment qui se trouve derrière ce nom et, comme le précédent, se génèrent rapidement et gratuitement après un enregistrement en ligne dont voici toujours celui de Vagabondages.
    An ESBN is used to establish and identify one downloaded or issued copy of electronic media such as an e-book, blog, podcast, images, digital document, source code, email, and streaming audio/video.



    Nous voilà peu à peu envahis de codes à barres et de numéros certes mais qu'on se rassure, un doux dingue parvient à recréer des oeuvres à partir de ces éléments éminemments impersonnels. C'est le Barcode Art :

    (via l'excellent La Boîte à Image)

    PS : Figoblog dédie également un billet au phénomène ^^

    mercredi, février 08, 2006

    B.Nu.E

    Biblionum nous apprend qu'un prototype du portail de la Bibliothèque Numérique Européenne réalisé par Thomson à la demande du Secrétariat Général du Comité de Pilotage est disponible à cette adresse : PortailBNUE.
    (mention spéciale pour la superbe animation de la page d'accueil ^^)

    Les ouvrages numérisés proviennent des collections de la BIUM, CAIRN, Discours Publics, Gallica (BNF), la Maison de l’Orient, NUMDAM et les éditions Odile Jacob (il manque la base Persée ou Revues.org mais c'est un bon début ^^).

    J'y ai fait une recherche avec le mot "escrime" afin sciemment, de retrouver un document de sport que je savais dans CAIRN -base payante et donc d'accès restreint- et j'ai réussi à accéder au texte intégral (avec une icône indiquant "accès gratuit"). Mais je me demande si l'accès est toujours gratuit ou s'il l'est parce que nous bénéficions ici d'un test...

    Le portail est apparemment disponible en 20 langues différentes.

    sites web de bibliothèques

    Nicolas Morin nous l’a appris vendredi : le nouveau site web de la BU d’Angers vient d’être mis en ligne avec pleins de nouvelles fonctionnalités dont tout le monde rêve ^^ :
    Il y a de la personnalisation, des fils RSS, des vignettes pour les nouveautés, et tutti quanti. Le principe de base est de relier des ressources (livres, périos, bases de données), des services (bibliothèques, bibliothécaires) et des lecteurs en les regroupant par leur centre d’intérêt: les livres de droit et la bibliothèque de droit proposés aux internautes étudiants en droit, par ex.

    Bon quand je dis tout le monde, je parlais déjà de moi. J’avais voulu mettre en place dans notre SCD un projet pu ou prou semblable. En effet, l’idée originelle était de mettre en place et promouvoir plusieurs itinéraires tracés pour les différents types de publics censés fréquenter notre site web en fonction de leurs besoins, inspiré en cela par ce que proposait Bertrand Calenge sur le site de la bibliothèque municipale de Lyon.

    L’idée était donc de définir ces parcours multiples liés aux différentes pratiques, pour chaque grande discipline d’une part et pour les niveaux étudiants et chercheurs d’autre part. A partir de là, il suffisait de leur proposer une page reprenant dynamiquement les informations qui intéresseraient ces publics avec des sélections issues de nos collections, de ressources externes (liens), des infos pratiques ou de l’actualité le cas échéant. Une sorte de bouquet de ressources contextualisées vers lequel on aiguillerait les usagers. En fait, rien de bien original finalement.

    Comme souvent sur les sites web de bibliothèques, on retrouve trois grandes parties : une première sur l’institution présentant les lieux, le fonctionnement et donnant des infos pratiques, une seconde sur les ressources proposant donc cette approche par discipline, une dernière sur les services offerts regroupant le compte-lecteur, les formulaires de contacts (PEB, suggestions d’acquisition, renseignements) ou les documents de formation à la recherche documentaire. Mais Angers semble privilégier les ressources ce qui semble parfaitement compréhensible par rapport aux autres grandes rubriques ; sont d’ailleurs absents les conditions d’inscription ou le règlement intérieur. Autre question : que permet l’authentification pour les usagers ? Peuvent-ils accéder au compte-lecteur ? Les personnels ont-ils ensuite accès à un intranet ?

    Reste à saupoudrer le tout d’un peu d’interactivité ce que propose bien Angers via sa lettre d’information, ses fils RSS ou la présence des formulaires. Et si on parvenait à faire comme avec Netvibes, permettre à l’usager de personnaliser lui-même son interface de façon à ce que le site web devienne support du service et service lui-même. De même je me demande comment incorporer les nouveaux concepts collaboratifs du web sémantique pour le rendre plus flexible et réactif… Je suppose qu’au moins on peut se rabattre sur l’OPAC en l’enrichissant de nouvelles fonctionnalités « amazon-like », ou « blog-like » (illustration) et voilà venir à nous la vague du 2.0, pas toujours à bon escient d’ailleurs…

    Nous voilà donc avec pleins d’idées à concrétiser dans nos contextes particuliers pas toujours simples s’entend mais néanmoins passionnants, évidemment.

    mardi, février 07, 2006

    Le futur numérique des bibliothèques universitaires

    On en a beaucoup parlé ( ce qui me donne l'occasion d'évoquer le blog de Formist) il y a deux ou trois semaines, mais je viens à peine de finir l'article évoquant le futur des bibliothèques universitaires : "Changing a cultural icon : the academic library as a virtual destination", de Jerry D. Campbell, Directeur des bibliothèques de l'Université de Californie du Sud, Los Angeles et paru dans le numéro de janvier-février d'Educause Review.



    L'article analyse le devenir des bibliothèques universitaires (academic libraries) au regard de l'importance croissante que prennent les technologies de l'information, dont internet et la numérisation des documents, dans les pratiques de recherches d'une part et l'économie de l'information d'autre part.

    En effet, si la bibliothèque était considérée comme le lieu de la recherche (top source of knowledge), il semble que ce soit aujourd'hui moins le cas et qu'internet lui ait ravi le titre de plus importante source d'information en moins de dix ans - quand bien même les informations qu'on y trouve manquent-elles de validation. De plus, les supports eux-même sont de plus en plus numérisés modifiant l'économie de l'information qui en découle : les usagers préféreront en effet consulter en premier lieu des documents instantanément disponibles en texte intégral, invisibilisant ceux encore sur format papier. La monographie à ce titre qui demeurait le support résistant encore et toujours à l'invasion numérique semble tomber sous les projets Google Books, Open Content Alliance (Yahoo ou Microsoft entre autres) ou de la Bibliothèque Numérique Européenne. A l'ère numérique (digital age), la bibliothèque s'entend de plus en plus comme un lieu virtuel, y compris et surtout pour la communauté des chercheurs.

    Ces changements cependant n'affectent pas encore profondément le fonctionnement des bibliothèques universitaires mais il pourrait en être autrement au cours de la prochaine décennie, posant la question même du rôle de la bibliothèque. D'ores et déjà un certain nombre de piste peut être suivi développant les nouveaux services que la bibliothèque met en place à cette ère du numérique, adaptant ainsi ses missions originelles :

  • Fournir des espaces de travail de qualité :

    La bibliothèque a toujours été un lieu physique de rencontre de ses usagers et de stockage de ses collections. Ces espaces sont des espaces présentant les meilleurs conditions à l'apprentissage et la recherche. Si les collections peu à peu disparaissent et changent de support, c'est peut-être ce rôle de lieu d'échanges et de rencontre entre les usagers alors qu'il conviendrait de souligner.

  • Créer des métadonnées :

    Plus les volumes d'informations augementent plus il convient de les organiser pour en permettre l'exploitation. C'est déjà ce que font les bibliothèques lorsqu'elles cataloguent, c'est également ce qu'elles peuvent faire avec des documents en ligne au niveau des métadonnées et de leur descrition. Ceci dit, les principes d'organisation et de description ne sont pas encore totalement fixés, c'est un champ encore en voie d'étude. De plus, les bibliothécaires maîtrisent encore mal les technologies émergeantes, ce qui semble s'améliorer ces dernières années avec la création de portails institutionnels proposant des informations validées (empiétant sur les portails commerciaux).

  • Offrir des services de références en ligne :

    Le service de référence permettant la recherche et la compilation d'information de tout type devient de plus en plus indispensable alors que le volume d'information croît et que les études se complexifient. Peu à peu, alors qu'ils étaient peu efficients (services lents et limité à peu d'usagers) et les données de plus en plus virtuelles, les services de références sont devenus virtuels utilisant chat, courriers électroniques, sites spécialisés... Mais à l'heure de la réponse apparemment instantanée et de la concurrence des moteurs de recherche, il semble que le Web devienne une vrai sucesseur de ce genre de service en ligne.

  • Former à la maîtrise de l'information :

    Former à la maîtrise de l'information est un enjeu dont se sont emparées depuis longtemps les bibliothèques, d'autant plus crucial dans notre monde du tout informationnel multisupport, que complique encore plus l'utilisation de grand nombre de systèmes propriétaires pas toujours interopérables. De fait,l'évolution du Web lui-même et la simplification des techniques de recherches détermineront les futurs besoins en maîtrise de l'information.

  • Choisir des ressources et gérer les licences d'utilisation :

    Le travail de sélection des ressources, au coeur du travail des bibliothèques, a fortement évolué ces dernières années passant d'uns sélection au titre par titre à une sélection par bouquet et permettant un achat plus important pour un coût moindre. Cependant, avec les ressources en ligne, les établissements n'achètent plus tant les titres qu'ils gèrent des accès sous contrat de licence. Ce type d'offre étant appelé à se développer, le rôle des bibliothécaires se portera plus vers la gestion des licences dans les années à venir.

  • Collecter et numériser les archives :

    Historiquement, les bibliothèques universitaire ont joué un rôle de conservation des documents permettant la préservation d'un certain héritage culturel et proposant un riche répertoire de documents pour la recherche. La numérisation permet d'en dépasser les deux limites (la localisation unique de ces documents et leur difficulté d'accès) et devrait en développer l'usage tout en apportant une valeur ajoutée aux collections. Ceci dit, il reste encore beaucoup à faire dans ce domaine, sans compter les archives privées.

  • Maintenir des répertoires numériques :

    En fait, ce qui est entendu ici serait plutôt maintenir des bibliothèques numériques, id est gérer des collections hébergées par la bibliothèques ou son institution et non servir de simple portail d'accès. Il s'agit donc d'opérations de rétroconversion (des thèses par exemple) ou de mise en ligne directe par le biais d'outils des outils de GED comme ce que propose le MIT avec son DSpace. Créer de tels bibliothèques, les gérer et gérer les droits d'accès, informer les différents partenaires (dont les chercheurs) semble aujourd'hui une priorité indiscutable.

  • Jerry Campbell termine en rappelant que ces évolutions devront se faire en concertation avec la communauté universitaire, autant qu'avec certains collègues, pour qui les bibliothèques demeurent une icône culturelle à l'aura mystique empreinte de Connaissance, Savoir ou de Sagesse, et dont les réactions risquent fort d'être hostiles ou pour le moins angoissées. D'autres part, il faudra faire avec la tentation de supprimer des postes au motif du tout numérique dans un contexte économique difficile.

    Il conclue enfin que les prochaines années seront décisives pour les bibliothèques et qu'elles devront développer leurs valeurs professionnelles, adapter leurs activités et leurs fonctions autour de nouvelles missions conçues autour d'un monde numérique.