mercredi, novembre 30, 2005

Projet de loi antiterroriste... et bibliothèques

Je lisais hier une dépêche de l’AP parue dans les nouvelles de Yahoo à propos du projet de loi n°2615 relatif à la lutte contre le terrorisme et adopté mardi en première lecture à l’assemblée et dont voici les mesures phares. Un point très sensible du dossier est que ce projet de loi entend étendre largement les pouvoirs des services de renseignement, faisant réagir les défenseurs des droits de l’homme et des libertés. Mais comme le demandaient plusieurs députés, le ministre de l'Intérieur s'est engagé à ce qu'un texte soit présenté "avant le 15 février" sur la création d'une Commission nationale de contrôles des services de renseignement composée uniquement de parlementaires.

Le Sénat examinera à son tour ce texte à la mi-janvier alors que le nombre de navettes entre les deux assemblées devrait être réduit, le gouvernement ayant demandé l'urgence sur l'examen de ce projet de loi élaboré l'été dernier après les attentats de Londres.

De notre côté, d’un point de vue professionnel s’entend, nous avions également entendu parler de ce projet et de ses velléités grandissantes de contrôle. En effet, ce projet abordait entre autres l'obligation de conservation (et de communication le cas échéant) de certaines données techniques de connexions par les opérateurs de télécommunications. Il est précisé dans l'exposé des motifs (et dans le code des télécommunications) que "ces données ne concernent pas les contenus qui sont protégés par le secret des correspondances".

Mais ce texte ne concerne pas seulement les opérateurs de télécommunications, car il est précisé que :"Les connexions et navigations sont également possibles à partir de lieux publics ou commerciaux, via des bornes d'accès sans fil (WIFI), ou par l'intermédiaire d'un réseau distribué, communément appelé « cybercafé »." La profession en concluait donc qu’il s'étendait également à l'accès public à internet dans les bibliothèques.
Article 4
Le I de l'article L. 34-1 du code des postes et des communications électroniques est complété par l'alinéa suivant :
« Les personnes qui, au titre d'une activité professionnelle principale ou accessoire, offrent au public une connexion permettant une communication en ligne par l'intermédiaire d'un accès au réseau, y compris à titre gratuit, sont soumises au respect des dispositions applicables aux opérateurs de communications électroniques en vertu du présent article. »
Article 15
I.- Les autorisations mentionnées au III de l'article 10 de la loi n° 95-73 du 21 janvier 1995 d'orientation et de programmation relative à la sécurité et délivrées antérieurement à la date de publication de la présente loi sont réputées délivrées pour une durée de cinq ans à compter de cette date.


Or, on sait dans quelle position délicate le Patriot Act adopté aux USA en 2001 a placé nos collègues américains. D’où forte inquiétude de la profession.



Néanmoins, lors des débats parlementaires (Compte rendu analytique des séances du 24 novembre 2005), le ministre a exclu de l'obligation de communication des données les bibliothèques, les universités, les hôtels de ville…

le Ministre délégué - Je suis très clair : ce sont d'abord les cybercafés qui sont concernés, c'est-à-dire les personnes qui au titre d'une activité professionnelle principale offrent au public une connexion au réseau internet. Ce sont eux que nous voulons soumettre au même régime que les opérateurs classiques : obligation de conservation de données techniques de connexion - numéros de terminaux, dates, horaires et durée de communication -, indépendamment d'ailleurs des données de contenu, comme par exemple le contenu d'un mail. Je rappelle que Richard Reid, le terroriste dont la chaussure était remplie d'explosif, utilisait des cybercafés ainsi qu'une bande de connexion de l'aéroport de Roissy. Les mairies, les universités,les bibliothèques ne sont pas concernées en principe car leur activité ne consiste pas principalement à proposer des connexions à l'internet.
Néanmoins, si l'on signalait, par exemple, que telle ou telle bibliothèque se transformait en une sorte de cybercafé, celle-ci pourrait entrer dans le champ des personnes soumises à l'obligation de conservation des données au titre de leur activité accessoire. Il convient de se ménager une telle possibilité. Autre exemple, Mohammed Atta, le chef des commandos kamikazes du 11 septembre 2001, communiquait avec une partie de son réseau à partir des postes internet que l'université de Hambourg mettait à la disposition de ses étudiants. La définition proposée par le projet du Gouvernement n'appelle donc pas de précision par décret.

M. Noël Mamère - J'entends bien votre réponse concernant les universités, les bibliothèques, les mairies, mais pourquoi ne pas inscrire précisément dans la loi la liste des personnes devant conserver les données techniques relatives à l'utilisation d'internet ?

M. Michel Vaxès - Une ambiguïté doit en effet être levée. M. le ministre a exclu de l'obligation de communication des données les bibliothèques, les universités, les hôtels de ville... Le cas échéant, il ne faudra donc pas leur reprocher a posteriori de ne pas avoir accumulé l'ensemble des éléments d'information nécessaires à une enquête. L'imprécision du texte est dommageable, même si l'intervention de M. le ministre pourrait peut-être constituer une référence pour le juge.

M. le Ministre délégué - Ce sera le cas, et c'est précisément pourquoi j'ai tenu à apporter ces précisions.


[citations et débats retransmis par M. Pierre Carbonne par le biais des listes de diffusions professionnelles.]

C’est un point important je trouve qu’il convenait de signaler, même si dans un premier temps la menace semble éloignée, mais pas annulée : des bibliothèques devenant des cybercafés, j’en connais de nombreuses dont certaines le sont de manière officielle, étant estampillées EPM « Espace Public Multimédia », dans les communes –nombreuses- qui ne sont pas assez importantes pour posséder un cybercafé. A signaler, donc, et à surveiller. Maintenant que l’idée est formulée, il ne m’étonnerait pas de la revoir passer d’ici quelques mois, sous un prétexte ou un autre…

mardi, novembre 29, 2005

Biblioblogosphère

"Existe-t-il une carte des library blogs ?" demandais-je ici à l'occasion du développement des cartes mutualisées établies via Frappr.

Marlène Delhaye, dans un billet paru sur BiblioAcid le 11 novembre dernier (oui je sais, j'ai beaucoup de retard dans la lecture de mon blogroll) nous annonce que c'est effectivement le cas. Cette carte des bibliothécaires bloggueurs regroupe déjà 182 membres de par le monde dont pour la partie française les incontournables que sont Figoblog, BlogoKat, Zaphir, La Conjuration mais également des "petits nouveaux" pour moi tels que Bruit et Chuchotements ou Tribune Libre que je viens d'adjoindre à mon aggrégateur.

Allez, je suis certain qu'il se trouve encore des bibliobloggeurs à n'être pas encore signalés, un comble pour la profession, ne serait-ce que Bibliobsession, ou les blogs de conservateurs en herbe signalés par Marlène à la rentrée, Rock the Enssib et celui de Pascale au Cambodge ou enfin Blog2Doc découvert via l'excellent et incontournable Outils Froids.

D'une manière générale, on n'est plus très loin des 230 biblioblogs analysés par Walt Crawford paru dans le numéro de septembre de Cites&Insights. D'autres listes existent comme celle parue ici en 2004 (?) ou la librarian list des communautés Pubsub dont j'ai déjà parlé et où on retrouve selon un classement du 27 novembre, Urfist Info (34e), Affordance.info (35e), Figoblog (54e), Un blog pour l’information juridique (55e), ServiceDoc Info (55e), Bibliobsession (56e), BibliAcid (56e). Le classement de PubSub est établi en fonction du Link Rank (calculé sur la base des liens entrants et des liens sortants) : This list shows the most influential librarian blogs, based on LinkRank. Pour chaque blog, on peut visualiser l'évolution par rapport au précédent classement, le link rank et des stats sur 30 jours.

Marlène Delhaye qui nous a fait découvrir ce site proposait d'adapter ce système aux blogs de chercheurs, par exemple, pour arriver à un indicateur de citation du chercheur-bloggueur ou à un facteur d'impact du blog... Et pourquoi pas ?

La brique documentaire dans les environnements numériques de travail

Mardi 8 novembre avait lieu à Grenoble une journée sur l’intégration de la brique documentaire dans les environnements numériques de travail (ENT).

Les ENT relèvent d’un projet d’établissement, soit de l’Université dans son ensemble, et consistent en la mise en place d’un certain nombre de ressources et de services numériques pour les usagers qu’ils soient étudiants, enseignants-chercheurs personnels ou visiteurs. Il s’agit alors de la mise en place de briques métiers (pédagogie, recherche, documentation, administration), de services comme un bureau virtuel de travail ou un système de mail voire de forum, de techniques telles un annuaire électronique, d’un système d’identification unique… Il faut alors que chacun ait l’impression d’avoir son propre espace.

Voici en substance ce que racontait Marie-Thérèse Rebat au nom du Ministère de l’Education Nationale, de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, ce jour, en introduction à la journée d’étude « Construire une brique documentaire dans un ENT » organisé par Grenoble Universités.

Mme Rebat affirmait que de cet ENT devait découler le Système d’Information Global (SIG) permettant lui l’accès à l’information multimédia depuis n'importe quel poste informatique. Il s’agissait alors de la mise en acte politique forte d’une organisation structurelle et d’une architecture fonctionnelle et dotée, a-t-elle insisté, d’une structure de pilotage identifiée composée de chacun des acteurs et validant les orientations, déterminant les objectifs, fixant cadres et normes…

Une brique essentielle de ce SIG est sa déclinaison documentaire : le Système d’Information Documentaire (SID) dont les points de rencontre portaient sur la gestion électronique des documents (système de GED, mise en place d’un workflow, métamoteur), la mise en place d’outils de tableaux de bord aujourd’hui indispensables pour évaluer les services ou encore celle d’une politique de publication. Le SID ainsi peut proposer à ses usagers en plus de ses fonds propres des ressources documentaires pédagogiques (supports de cours..), liées à la Recherche (thèses, revues électroniques, actes de colloques…) ou administratives et institutionnelles. Il propose également des services (messagerie, DSI, aide en ligne..) des espaces de stockages et des fonctions d’édition (GED et Content Management System de constitution dynamique des pages web).

Le MENESR (Ministère de l'Education Nationale, de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche) apparaît alors comme un soutien qui peut aider les initiatives locales par le biais des contrats quadriennaux ou d’appels à projet ou en permettant le développement d’outils nationaux tels que le Portail Sudoc, la base de revues de Sciences Humaines Persée, le projet STAR pour les thèses électroniques ou les campus numériques.

Le SID devait donc permettre en tant que brique du SIG la valorisation de la Recherche dans un souci d’amélioration de la qualité de service. De leur côtés les professionnels de la Documentation doivent quant à eux se réinvestir dans la normalisation et l’étude des standards dont les questions devenaient de plus en plus prépondérantes et incontournables. Aux acteurs alors de se mobiliser, quitte à sortir de son établissement et participer à des réunions nationales et internationales.

A Valencienne, un groupe travaillait sur la mise en place d’un tel SIG comprenant des briques GED, SID, Web, LDAP, Harpège, Recherche, Nabuco. La GED y apparaît comme un « référentiel de documents » où l’usager n’aurait à faire qu’un seul dépôt de son document et ensuite en décider l’étendu du partage.

Les réactions du public furent diverses, les unes se demandant ce qu'il en était des projets du CNRS (CCSD, TEL, HAL…) auxquelles il fut répondu qu’il n’y avait pas de réelle opposition envers ces projets mais plutôt une complémentarité, que chaque université décidait de ce qu’elle voulait faire et qu’il fallait favoriser les partenariats dans un souci de l’usager final mais que de toute façon, il ne s’agissait pas tout à fait de la même problématique, les Universités se trouvant en position de producteur d’information alors que les outils des EPST servaient plus à la diffusion d’information.

Sont soulevées également dans le cadre du dépôt et de la gestion des documents des questions juridiques et de licence, la licence « creative commons » n’étant pas reconnue par le droit français. Il est reconnu que le travail reste à faire dans ce domaine en sus des initiatives et réflexions isolées qui émergent.

La journée s'est poursuivie avec une intervention de Muriel Foulonneau qui soulignait, à partir de son expérience aux Etats-Unis, la volonté de mettre en place diverses « cyberinfrastructures » collaboratives, expérimentales, durables, interopérables et destinées à soutenir la Recherche dans lesquelles les bibliothèques jouent un rôle important ne serait-ce qu’au niveau des droits ou de l’indexation et du signalement des données brutes.

Le rôle des bibliothèques numériques est de fédérer et intégrer des sources d’informations hétérogènes (commerciales ou non, multisupport, ressource numérique brute ou enrichie…) via différents mode d’accès (cf NISO meta search initiative qui étudie la recherche fédérative au sein des bases éditeurs). Elles proposent des contenus comme des revues en ligne, des bases de données, l’accès à des corpus documentaires mais aussi pour les chercheurs l’accès aux préprints, aux archives institutionnelles et à des ressources numériques enrichies (par encodage du texte, la contextualisation des données, l’établissement de liens entre documents, de collections numériques…). Ces bibliothèques numériques interagissent avec les plateformes pédagogiques, les archives institutionnelles.

L'après-midi était consacrée aux métadonnées avec des interventions de Muriel Foulonneau encore, Francis André, Directeur de l’Information Scientifique auprès de l’INIST et Jacques Ducloy, représentant l’INIST-CNRS et du groupe de travail ARTIST (Appropriation pour la recherche par les technologies de l’information). J'essaierais d'y revenir si on me le demande ^__^.

[EDIT : le programme et les interventions de la journée sont accessibles sur le site de Grenoble Université

lundi, novembre 28, 2005

Décès de Pierre Seel



J'ai appris ce vendredi avec consternation et une immense tristesse le décès de Pierre Seel, âgé de 82 ans.

Je l'avais rencontré et travaillé avec lui alors que j'étais militant puis président des Flamands Roses, dont la reconnaissance de la pdéportation pour homosexualité demeure un cheval de bataille. Leur site d'ailleurs évoque la biographie de cet homme courageux et militant.

Il faisait partie des derniers témoins vivants de la déportation pour homosexualité, surviviant du camp de Schirmeck, à près de 30 kilomètres de Strasbourg, malgré les tortures physiques et morales subies qu'il a racontées dans un livre, Moi Pierre Seel, déporté homosexuel, co-écrit avec Jean Le Bitoux en 1994. Et il en fallait du courage pour pouvoir évoquer cette période au début des années '90 où l'homophobie était vive, voire palpable lors de la Journée du Souvenir qui a lieu tous les ans le dernier dimanche d'avril.



Pierre Seel était aussi apparu dans le film poignant Paragraphe 175 (2000), de Rob Epstein et Jeffrey Friedman, donnant la parole aux survivants sur leur histoire personnelle et dont le titre évoque le numéro de loi allemande datant de 1871 qui condamnait à la prison "les actes contre nature" entre hommes.



Il évoque son arrestation, les sévices supportés dans le camps, ceux vécus à la libération parce que révéler qu'on a été déporté pour homosexualité était impossible dans la société de l'époque, ne serait-ce parce qu'elle fut repénalisée à la libération sous le régime du Général de Gaulle.

Ces dernières années il ne se déplacait plus que difficilement ou pour de grandes occasions comme la pose d'une plaque commémorative au camp du Struthof. Il avait décliné l'invitation de Jacques Chirac pour l'inauguration du Centre européen du Résistant déporté sur le site du camp de Natzweiler-Struthof pour raison de santé.

Très honnêtement, je ne le connaissais pas plus que cela. Je l'avais rencontré. Admiré. Mais cette annonce me remplit de tristesse comme si je l'avais toujours connu.

Voici ce qu'en dit la nouvelle de Têtu annonçant ce décès et les hommages qui l'ont suivi :
Pierre Seel est mort
La famille de Pierre Seel et le Mémorial de la déportation homosexuelle ont annoncé le décès de Pierre Seel, le 25 novembre, à Toulouse. Pierre Seel, qui était âgé de 82 ans, était un militant infatigable. Toute sa vie durant, il s'était battu pour que les autorités françaises reconnaissent officiellement la déportation d'homosexuels durant la seconde guerre mondiale. Pierre Seel, avait été déporté à 17 ans au camp du Struthof, en Alsace avant d'être enrôlé de force dans l'armée allemande et envoyé sur le front russe. Outre les nombreux témoignages qu'il avait donnés, il s'était battu pour que les cérémonies du souvenir de la déportation accueillent en leur sein les représentants d'associations homosexuelles. Après des années de c! ombats, les autorités les avaient, à partir de 2001,
progressivement invitées. Et Jacques Chirac avait franchi un pas historique en reconnaissant en avril dernier l'existence de la déportation homosexuelle Pierre Seel, qui avait finalement été reconnu et indemnisé par l'Organisation internationale pour l'immigration (OIM) comme victime de l'holocauste, expliquait, en avril 2003, que tant qu'il serait pas reconnu «déporté pour homosexualité», il se considèrerait «comme un sans papier». Il avait t! émoigné de son histoire dans Moi Pierre Seel, déporté homosexuel (Calman Levy). Un service religieux sera donné le lundi 28 novembre 2005 et sera suivi d'une mise en terre dans le cimetière de Brames, dans le Lot-et-Garonne.




voir aussi
  • le site du MDH
  • la page Histoire sur Lambda-education.
  • Le site des Flamands Roses.

  • vendredi, novembre 18, 2005

    Une fin d'année mouvementée

    Mot-clefs du moment :

  • Clôture du budget 2005
  • Gestion des abonnements et réabonnements (payable uniquement en 2006 sur "service fait" y compris pour les périodiques et les bases de données ce que ne comprennent pas toujorus les fournisseurs)
  • Contrat quadriennal
  • Lolf évidemment
  • Conseil de la documentation
  • Gestion de projets
  • Gestion du quotidien

    Une impression que tout tombe en même temps, y compris d'ailleurs les journées professionnelles et autres stages.

    Mais je suis content d'être épargné par d'autres problèmes tout aussi contraignants et incontournables...

    Et puis c'est passionnant également. Lourd, lent, difficile, compliqué mais passionnant.

  • mercredi, novembre 09, 2005

    Censure dans les bibliothèques : l'ABF réagit



    Dans un communiqué publié après la réunion de son bureau national le 7 novembre, l'Association des bibliothécaires français (ABF) défend «le droit à l'accès de tous les points de vue pluralistes, au sein des bibliothèques» :

    Le 9 septembre 2005, Le Figaro publiait un article de Delphine de Maleville, intitulé « L'homoparentalité racontée aux tout-petits » accompagné d'une interview de la pédiatre Edwige Antier qui déclarait (titre de l'interview) : « Ce genre d¹histoire peut nuire à la construction de l'enfant ». Le contenu de ces articles oblige l'Association des bibliothécaires français à réagir très fermement, pour défendre le droit à l'accès de tous à des points de vue pluralistes, au sein des bibliothèques.

    De quoi s¹agit-il ? D'un petit album d'Ophélie Texier, intitulé « Jean a deux mamans », publié en 2004 par l'École des loisirs, dans la collection Loulou & Cie. Cette collection présente à de jeunes enfants des modèles familiaux atypiques.

    L'article faisait état de l'émotion d'une maman qui avait à la demande de sa fille de 5 ans emprunté le livre. Elle explique peu d'ailleurs les motifs de cette émotion. Suffit-il que Jean soit élevé par deux personnes du même sexe pour qu'
    ipso facto on s'étouffe ?

    C'est dans l'interview d'Edwige Antier qu'on trouvera l'argumentation : l'homoparentalité serait un «
    fait marginal », elle véhiculerait donc des « anti-valeurs » (à ce compte, la sainteté et l'héroïsme guère non plus très répandus seraient à mettre dans le même sac ?). Edwige Antier défend la thèse (controversée) selon laquelle les impressions infantiles sont indélébiles : « De zéro à 6 ans, ce que vous voyez et entendez, vous l'engrangez comme un fait intangible, cela se colle à votre mémoire ». On imagine pourtant que la petite Camille ne limitera pas ses activités de lectrice à « Jean a deux mamans ». Et il est fort probable que les albums qu'elle rencontrera lui proposeront des modèles divers, y compris des exemples nombreux de familles plus traditionnelles. L'ensemble de ses lectures entrera vraisemblablement dans la mémoire de Camille (pas forcément de façon indélébile), pour lui apprendre, entre autres, qu'il n'existe pas qu'une seule façon de vivre, ce qui, qu'on le déplore ou qu'on s¹en réjouisse, n'est ni plus ni moins que la réalité.

    Ce qui nous a tout particulièrement choqués, c'est que pour la maman comme
    pour la pédiatre, le fait aggravant soit que le livre ait été emprunté dans
    une bibliothèque municipale.

    Laurence affirme qu¹elle n'a de ce fait aucun choix. : «
    Quand ma fille veut ce livre parce qu¹elle adore les images et que je refuse, qu'est-ce que je lui réponds ? » et Edwige Antier de renchérir : « Les idées marginales doivent être le choix des parents, en aucun cas celui d'une bibliothèque municipale ou d'une mairie ». À la première, on peut répondre qu'elle a tout autant le choix dans une bibliothèque que dans une librairie, et qu'il est de son droit le plus strict, mais aussi de sa responsabilité d'oser affirmer son point de vue puisqu'elle est associée au choix de sa fille. Quant à la position d'Edwige Antier, elle a d'autant plus de poids qu'elle est 1er adjoint au maire du 8e arrondissement de Paris (ce n¹est pas dit dans l'article), et donc en situation d'appliquer ses principes. Tout cela rappelle aux moins jeunes d'entre nous les effervescences des années quatre-vingt. Une fois de plus, l'Association des bibliothécaires français doit donc réaffirmer avec force, en se référant au code de déontologie qu'elle a adopté en 2003 le devoir des bibliothécaires de : « ne pratiquer aucune censure, [de] garantir le pluralisme et l¹encyclopédisme culturel des collections ». Elle rappelle que ce livre n'a fait l'objet d'aucune interdiction a priori ou a posteriori, et elle assure également de son soutien, l'École des loisirs, éditeur de l'ouvrage, dont les bibliothécaires connaissent et apprécient le souci constant de qualité et le sérieux qui l'animent depuis sa création.

    Le Bureau national de l¹ABF

    Bibliosession

    Ce week-end j'ai reçu un mail m'indiquant l'ouverture d'un nouveau blog sur les bibliothèques et les sciences de l'information : Bibliosession, "La session d'un bibliothécaire obsédé par les sciences de l'information".
    Encore un bibliogeek assurément, dirait Marlène.

    Les derniers billets que j'ai parcouru encore, l'avoué-je sans honte, en diagonale, m'ont paru intéressants avec des billets sur le catalogage, les taux de prêt, et sur des outils tels que Netvibes ou l'aggrégateur BlogBridge.

    J'ai pour ma part été intéressé par le système d'information géographique sur les bibliothèques des USA qui permet d'avoir une vision cartographique d'un territoire donné par la représentation de données démographiques, sociologiques, etc... (M. Giappiconi nous en avait parlé lors d'un cours à l'ENSSIB) et amusé par la carte mondiale des bibliothèques. Décidemment, après les cartes établies par Frappr (cf ce billet d'Eric Delcroix ou celui d'Olivier Ertzscheid), l'heure est aux cartes mutualisées... Au fait, il existe une carte des library blogs ?

    Je me permets donc de signaler à mon tour ce nouveau venu, glissé dans mes liens, et lui souhaite une bonne chance et une bienvenue dans la blogosphère.

    vendredi, novembre 04, 2005

    Un web personnalisable

    Voilà quelque temps qu’on parle comme une rumeur diffuse dans les milieux spécialisés du Web 2 (cf article sur Internet Actu), sorte d’idée selon laquelle sans qu’il y ait de développements technologiques impressionnants ou radicalement nouveaux, le web deviendrait qualitativement meilleur en lui conférant une plus grande souplesse d’utilisation. Une conférence était à ce propos organisée début octobre où sont intervenus les plus grands groupes actuels se partageant le gâteau du Net, Web 2 con.



    Ainsi un dernier truc à la mode chez les grands moteurs est de proposer non plus d’immenses fonctionnalités de recherche qu‘une page complète permettant à l’internaute d’organiser sa propre page d’accueil ou son propre portail, soit une nouvelle génération de pages web entièrement personnalisables.

    En ce sens, nous connaissions déjà My Yahoo qui permet d’afficher sur une seule page des actualités, la météo, des photos de son « album photo Yahoo »… mais Yahoo propose aussi en page bêta Myweb 2, moteur de recherche « social » utilisant en plus des fonctionnalités traditionnelles du moteur, les fameux tags du web sémantique. On peut même sauver des copies des pages qu’on consulte. Tagging, Saving, and Sharing sont les maître-mots de ce nouveau concept.

    Il est à souligner également le plus en plus célèbre Netvibes dont la page est entièrement paramétrable. On peut aussi écrire dans ce portail, y laisser des notes (du type Post It). Enfin, si on le désire on y ajoute ses signets favoris. Tout est gratuit, il n'y a pas de publicité et espérons que ce le sera encore longtemps. Soulignons que Netvibes, disponible en plusieurs langues, a été lancé le 15 septembre dernier par deux Parisiens passionnés.

    Dans cette catégories de pages paramétrables, Google le tout-puissant avait déjà fait une incursion via son Google Actualités qui nous laissait aménager à notre guise les secteurs de nouvelles, et dont Newsmap offre un rendu visuel plutôt saisissant. Voici maintenant en plus que My Google arrive en français. Cette page permet d'avoir un accès direct à de nombreuses sources d'information. Pour My Google France, on peut avoir accès à de l'actualité, le sports, les technologies, du divertissement et autres, ainsi que la possibilité de paramétrer des favoris, un accès à Gmail ou encore la météo.

    Rollyo, lui, permet de se créer son propre moteur spécialisé (autant que l'on veut, avec une limitation à 25 sites toutefois, ce qui n'est déjà pas mal) en utilisant le moteur Yahoo. Mais attention, on peut chercher sur un site mais pas une partie d’un site. (via Outils de veille).

    Et Microsoft dans tout ça ? Le groupe ne se veut pas en reste qui vient de proposer son portail Windows live, suite de son projet Start.com. Avec Windows Live, don l'offre demeure encore très peu précise ("plus de sur-mesure", "plus de simplicité", "plus de synergie", "plus de sécurité" etc.) on retrouve le portail Live.com, un nouveau service hotmail « G-mail like », des services de scan et de protection du PC à distance, un nouveau messenger avec des possibilité de partage des dossiers et un service Office live, un Office proposant online des applis partagées de gestion de projet etc.(via Moteurs)



    La guerre des moteurs a déjà lieu...