mardi, octobre 18, 2005

Déclaration en faveur du Conseil supérieur des bibliothèques

Comme j'avais relayé les mails et appels sur le droit d'auteur et la propriété intellectuelle en juillet dernier, je me fais cette fois le relai d'une autre déclaration conjointe des professionnels de l'information et de la documentation en faveur du Conseil Supérieur des Bibliothèques.

D'après cet appel, le Conseil Supérieur des Bibliothèques, ou CSB, est appelé à disparaître sous la volonté de nos chers ministères. C'est en soi une décision qui ne m'étonne qu'à moitié car si ce Conseil supérieur s'est révélé fort actif dans les années '90 avec notamment la création de la Charte des Bibliothèques le 7 novembre 1991 ou la publication très attendue de son rapport annuel, il n'était plus depuis cinq ou six ans que l'ombre de lui-même et la nomination le 1er septembre 2003 de Jean-François Jacques -ancien directeur de la médiathèque d'Issy-les-Moulineaux- n'eut pas réellement l'effet escompté. Je veux dire que je pensais à titre personnel que cette nomination au poste symbolique de sécrétaire général permettrait un retour du Conseil sur la scène politique ne serait-ce qu'à titre consultatif tandis qu'elle m'est apparu finalement comme une nomination symbolique. Seulement symbolique. Le CSB n'était plus qu'une coquille vide et sans grand éclat...

Et pourtant, à l'heure où paraissent les référentiels des mêtiers des bibliothèques, à l'heure où les débats sur le droit d'auteur et la propriété intellectuelle deviennent brûlants en France, à l'heure où l'on parle d'une nouvelle période noire pour les bibliothèques universitaires, parent pauvre au sein de leur(s) université(s), à l'heure où de grands chantiers se mettent en place, où le rôle d'instances comme l'ABES devient plus prégnant montrant le besoin d'un tel organisme transversal, où l'on reparle du maillage des bibliothèques territoriales, où enfin les nouvelles technologies transforment les mêtiers, le CSB semble avoir plus que jamais sa place dans le paysage français.

C'est pourquoi près d'une dizaine d'association professionnelles se sont réunies et ont fait une déclaration en faveur du CSB. Je la reproduit ici :

Les associations signataires ont pris connaissance avec stupeur de la prise de position des représentants des administrations centrales des ministères de l'Éducation nationale et de l'enseignement supérieur d'une part, de la Culture et de la communication d'autre part, exprimée en public devant le congrès de l'ABF [en juin 2005] en annonçant implicitement un arrêt définitif du fonctionnement du Conseil supérieur des bibliothèques.

Elles sont d'autant plus surprises et indignées de cette prise de position qu'elle s'est accompagnée d'une confusion entre le rôle d'un organisme d'évaluation et de conseil relevant de la puissance publique et celui joué et toute indépendance par les associations professionnelles.

Institué par le décret n°89-778 du 23 octobre 1989, modifié par le décret n°93-720 du 29 mars 1993, le CSB « est chargé d'émettre des avis et des recommandations sur la situation et les questions qui concernent les bibliothèques et les réseaux documentaires. Il favorise la coordination des politiques documentaires relevant de plusieurs ministres ». Sous les présidences successives d'André Miquel, Michel Melot et Jean-Claude Groshens, il a su faire la preuve de son utilité, notamment par ses analyses dans des domaines aussi variés que le droit de prêt, la littérature grise,
la lecture dans les hôpitaux, et par ses recommandations portant sur des sujets d'actualité, comme la place de la Bibliothèque nationale de France dans le réseau documentaire ou la formation des personnels.

Le CSB est indispensable à tous les acteurs de la société concernés par les bibliothèques : élus politiques et universitaires, enseignants, professionnels du livre et des bibliothèques, responsables administratifs, pour de multiples raisons :

dans un paysage administratif très fragmenté, il est l'organe le plus à même de réaliser des synthèses sur des questions que chacun se pose, il élargit le débat sur les bibliothèques à des interlocuteurs extérieurs à la profession, il a une approche comparative de l'activité des bibliothèques françaises avec celle de nos voisins étrangers, depuis sa création, il publie un rapport annuel (accessible intégralement sur Internet), permettant de mettre en perspective sur le long terme les questions qui préoccupent la profession, il est susceptible d'éclairer les pouvoirs publics sur les grands enjeux de l'accès à la connaissance et à la culture dans le contexte de la société de l'information, pour des publics divers tels que les chercheurs, les personnes handicapées, les personnes éloignées de la lecture, etc.

enfin, il s'agit d'un organisme consultatif de coordination comme il en existe dans tous les pays développés dans ce domaine.

Les associations soussignées demandent qu'il soit procédé à la nomination de membres du Conseil supérieur et d'une équipe permanente. Elles réaffirment leur attachement à la recherche d'une politique nationale cohérente dans le domaine des bibliothèques, reposant sur des éléments d'évaluation et d'expertise.

Elles continueront pour leur part à jouer leur rôle d'association professionnelle en toute indépendance.

Le 5 septembre 2005


Les associations signataires sont l'ABF (Association des bibliothécaires français) ; l'ACB (Association des conservateurs de bibliothèque) ; l'ADBDP (Association des directeurs de bibliothèques départementalises de prêt) ; l'ADBGV (Association des directeurs des bibliothèques municipales et intercommunales de grandes villes) ; l'ADBS (Association des professionnels de l'information et de la documentation) ; l'ADBU (Association des directeurs et personnels de direction des bibliothèques universitaires) ; l'ADDNB (Association pour la diffusion des documents numériques en bibliothèques) et la FFCB (Fédération française pour la coopération des bibliothèques, des métiers du livre et de la documentation).