« The Search » et le droit d’auteur
What do I see ?
J’avais promis à FabriceD que je reviendrais sur le projet Google Print. Mais depuis cette annonce, nombre d’événements se sont déjà produits, dont le fait le plus marquant est que l’entreprise américaine en a changé le nom : il s’agit désormais de lire Google Book Search.
Google a depuis débarqué en France et obtenu l’imprimatur du directeur de la BnF himself : à l'occasion de la foire du livre de Francfort, le moteur avait en effet annoncé l'ouverture de son service Google Print en Europe via 8 sites localisés : Italie, Allemagne, Hollande, Autriche, Suisse, Belgique, Espagne et bien sûr France. Un accord ensuite fut passé avec des éditeurs pour leur permettre de faire numériser leurs livres à Mountain View, le siège du géant américain. Les éditeurs doivent alors percevoir une commission sur les liens sponsorisés que Google n'oubliera pas d'intégrer aux résultats. Par ailleurs, un lien sera présent directement vers leur boutique en ligne de l'éditeur s'il en possède une.
Parmi les projets concurrents citons donc la bibliothèque européenne, connue aussi sous le sigle TEL (The European Library), donne accès aux catalogues de 43 bibliothèques nationales d'Europe parmi lesquels, des membres dont les collections sont déjà intégrées : Allemagne, Finlande, France, Italie (Florence), Pays-Bas, Portugal, Royaume-Uni, Slovénie et SuisseICCU (l'institut de catalogage central italien) et CENL (la Conférence des directeurs de bibliothèques nationales d'Europe). Les collections de 34 autres bibliothèques nationales seront intégrées dans une phase ultérieure, l'objectif étant de "Rendre accessible l'univers du savoir, de l'information et des cultures de toutes les bibliothèques nationales d'Europe".
Du côté des deux autres moteurs géants, Microsoft a lui aussi annoncé l’ouverture d’un grand service de bibliothèque numérique : MSN Book Search, prévue courant 2006. Microsoft vient par ailleurs de s'engager dans un partenariat avec la British Library de Londres (une des deux bibliothèques nationales européennes à ne s’être pas engagée dans le grand projet européen) pour numériser et mettre en ligne 25 millions de pages, soit l'équivalent de 100.000 livres. Enfin, MSN s’associe aussi à l’Open Content Alliance (sic) espérant ainsi sinon barrer le chemin du grand Godgle, au moins lui mettre des bâtons dans les roues. L’ambition de ce projet lancé par Yahoo et ses partenaires (Adobe, European Archive, HP Labs, Internet Archive, National Archives (UK), O'Reilly Media, Prelinger Archives, University of California, University of Toronto et ... Yahoo!) est de garder une trace de la plupart des médias disponibles.
Plus discret mais non moins efficace, Amazon a annoncé depuis peu un programme assez proche du Google Book Search avec “Pages” (qui permet d’acheter en ligne des extraits d’un livre) et “Upgrade” (qui permet au client ayant commandé un livre physique d’avoir accès en permanence et en intégralité à sa version numérisée). Mais Amazon se targue, lui, du soutien du monde de l’édition.
La quatrième voie nous est finalement rappelée par Hubert Guillaud sur Lafeuille qui cite des bibliothèques construites par les usagers, comme Gutenberg.org ou WikiLivres (et sur le site du ministère de la culture, la liste des bibliothèques ayant des collections numérisées).
Une revue de presse datant du 08 novembre est disponible sur le blog du réseau URFIST tandis que l’ABF a récemment mis en ligne les powerpoints de la journée "Bibliothèques numériques : Où en sommes-nous ?" (via Affordance).
Hubert Guillaud toujours mais sur InternetActu.net, pose une question intéressante par rapport à ces projet et états de force : La numérisation des livres sur le net va-t-elle réécrire le droit d’auteur ?. Plus encore, l’action en justice intentée à l’encontre de Google par la Guilde des auteurs et l’Association des éditeurs américains pourrait-elle amener la justice à préciser ou redéfinir les limites du copyright ?
J’en viens aux alertes qui secouent la blogosphère professionnelle ces derniers temps : celle-ci en effet se mobilise contre le projet de loi DAVSI (Droit d’Auteur et Droits Voisins dans la Société de l’Information), adaptation du droit d’auteur français à une directive européenne (EUCD) datant de 2001 (j’en avais déjà parlé ici).
Deux points sont très discutés ces derniers jours qui sont la question des exceptions au droit d’auteur puisque dans le projet aucune exception n’est prévue pour les bibliothèques ni pour l’enseignement. Le deuxième point porte sur la protection juridique des DRM, Digital Right Management : le projet de loi légalise l’utilisation de mécanismes anti-copie sur les fichiers et supports et criminalise non seulement les actes, mais aussi les dispositifs techniques de contournement de ces mécanismes de protection. Autrement dit, est assimilé à de la contre-façon le fait de concevoir, diffuser ou parler de ces dispositifs anti-copie. Bibliothèques et logiciels libres : même combat ! Une pétition est en ligne lancée il y a 5 jours par le collectif EUCD et qui réunit déjà 20.000 signatures. (voir les articles d’Homo Numericus, et Got a props de la loi, de Figoblog et Formats Ouverts sur la question des DRM ).
A lire enfin, le dernier numéro de Cite&Insight qui propose un dossier sur les projets de numérisation de l'Open Content Alliance et de Google : les contenus (sont-ce des e-books ou seulement des e-texts ?), les procès (en quoi ce type de projet nuit-il aux auteurs, aux éditeurs ?), les questions de copyright (où finit le fair use ?). (via BiblioAcid)
Je signale enfin la traduction par Mitternacht d’un article de Wired recensant les différents modules développés par Google. Il manque le dernier GoogleAnalytics, le but étant de comptabiliser le trafic sur chacune des pages du site et de répercuter les infos dans l'algorythme du moteur. (via Miss TICS) . Dans cette même optique de guerre des moteurs, MSN et Yahoo ne sont pas en reste, le premier lançant Fremont, une offre de petites annonces qui concurrence le récent Google base, tandis que Gtalkr est un nouveau service lancé il y a 2 jours permettant d'accéder à son compte Google talk en ligne via son navigateur et que Gmail vérifie maintenant vos virus, en proposant de les analyser à chaque réception ou envoi… Voici une page recensant tous les services proposés par Google (via ITLigentia) en plus du Google sitemap.
Une dernière information à propos de Google : sur Web Rank Info, Olivier Duffez nous donne l’adresse d’un fil RSS regroupant tous les blogs officiels de Google.
Edit du 08 décembre : 3couleur nous montre comment visualiser l'intégralité des pages d'un livre trouvé sur Google Books. Merci Google...
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